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Montagne, Montagnettes et Montagnard(e)s...
29 avril 2009

LA MEME PAR GUY LE TREVOLTIEN

Nouveauté sur le blog de montagne : si la plume vous démange, soyez les bienvenus sur ce blog qui se fait un réel plaisir de s'ouvrir à vos essais de "littérature" sportive...
Et c'est donc par la personne de Guy Le Trévoltien - "mon" 1er de cordée, l'ami fidèle, le lanceur de défis, occasionnellement souffre-douleur lorsque la barre est un peu haute en ce qui me concerne - que l'innovation arrive ! Je vous laisse apprécier le texte ci-dessous qui relate notre péripétie à Grand Cormot en ce dernier lundi de Pâques.

BLOG ROC : «L’événement » 

Et oui, toujours à la recherche de nouvelles sensations, nous courons les falaises de bas en haut et de haut en bas.

C’est à la fin d’un doux dimanche d’avril, juchés en haut des falaises de Grand Cormot, après un effort soutenu pour venir à bout d’un 6a+ du  «Pilier de la Fissure Jaune» en compagnie de la douce Martine, que nous voyons apparaître, là, sur la falaise d’en face et quelque peu en contrebas un «casque bleu», symbole de paix et de sérénité.

Nous approchons dangereusement du bord, et qui reconnaissons-nous plaqué à la paroi, silencieux et concentré,  notre Idole et grand ami DIDIER.P1010410

Il ne nous a pas entendu et il est là, pendu à son clou, scrutant son environnement et l’air curieusement pensif.

Au bout d’un moment, j’y dis bêtement, histoire de nous signaler : «Ca va ?».

Il se retourne et y me répond : «Non, j’en chie».

Pas étonnant, vue la raideur de la paroi à ce niveau et le peu de prises apparentes, ça semble être du 6c.

Maintenant que je le photographie, il se met à bouger, pas facilement, mais il bouge, voire même il s’arrache, tant et si bien qu’il finit par poser sa dégaine au clou suivant et à s’y accrocher.

Le temps passe et une mignonne, tout en bas, qu’on ne voit pas à cause d’une proéminence, s’impatiente et demande ce qui se passe, se plaint parce qu’on ne lui dit rien, et tout et tout.

Encouragé par notre présence et l’intérêt que nous lui portons, notre Didier de Montmerle, se relance à l’assaut de la paroi et moyennant quelques grimaces finit par le sortir, ce 6 machin.

Chapeau pour sa première sortie en extérieur ! J’en suis jaloux .

Nous restons là, assis sur notre gradin, pour voir le spectacle de la moitié, euh... seconde qui va grimper. Quelques minutes après, la voilà qui pointe son nez à l’angle droit de la proéminence, 30 m en dessous. Comme elle nous sourit, je lui dis faussement étonné : «Et, mais c’est Dominique de Caluire, comment ça va ?».  «Les doigts dans l’nez» qu’elle me dit.

C’est vrai que c’est plus facile en dessous, il faut savoir attendre pour apprécier à sa juste valeur la performance de la donzelle.

Une fois qu’elle est arrivée au pied du mur, je lui lance sympathiquement :  «C’est maintenant qu’on va faire de belles photos» sur un ton qui sous-entend : «C’est maintenant qu’on va se marrer».

Elle regarde la paroi, répond : « Ah oui, bien sûr» et relève aussitôt le défi.

Elle monte, redescend, se bat, s’arc-boute, progresse un peu, patine, voir dérape, se bloque par une habile prise de «popotin» dans le baudrier et pour donner le change, l’illusion de la facilité, prend plusieurs poses gracieuses que je ne peux m’empêcher de mettre en boîte.

P1010422Malgré tout, encouragée, retenue juste ce qu’il faut par la corde (dosage Didier), elle progresse dans un style bien à elle, tout en  s’efforçant de garder le sourire (parfois crispé) et finalement, elle finit plusieurs minutes plus tard par sortir sa frimousse sur le bord supérieur de la falaise, au milieu de la végétation.

On la félicite, on la flatte, elle ne se sent plus de joie et ouvrant un large bec déclame tout de go : «Je vais faire une voie en tête». Elle eut dit : «Je vais faire une première» que cela ne nous aurait pas plus époustouflés.

C’est l’EVENEMENT, on descend tout ému, au passage on regarde rapidement le topo,  «groin de cochon», ou quelque chose comme ça, (la voie qu’ils viennent de faire) c’était du 6b  , pas mal tout de même.

Nous filons et nous voilà bientôt à pied d’œuvre, en fait au pied de «……… ? »

Dom prend résolument la tête de la cordée et je l’assure. Les 20 premiers mètres 4b/c ne se passent pas trop mal malgré quelques hésitations et les «Ah, dis donc, ça change en tête» ou   «j’ai les chocottes».

Elle fait une pause au pied des difficultés (mur plus raide et moins fracturé) et me dit : «Je pense que je vais partir à gauche, ça à l’air plus sympa».

Réponse du second (ma pomme) : «Pas question, la voie c’est tout droit. Après le 6b que tu viens de passer, un petit 5b se passe les doigts dans l’nez »  (petit rappel).

La pression monte, le sourire même crispé de tout à l’heure disparaît et fait place à des traits plus tendus (voir la photo, la seule de la voie - difficile d’assurer et de photographier à la fois).P1010426

Pour la rassurer, je décide de la rejoindre (petit relais).

Quelques encouragements par là-dessus et Dom se lance à l’assaut de la tour. Les gestes sont hésitants,  maladroits, minimalistes ; la posture est raide comme quand «on a la trouille».

Je lui dis : «Cool, décontracte toi, regarde bien ou tu poses les pieds, transfère bien le poids de ton corps d’une jambe sur l’autre… Là, voilà, c’est tout bon et tutti quanti…» et elle s’élève peu à peu jusqu’à un petit surplomb.

Là, les choses se compliquent, l’attente se fait longue, j’essaye, je redescends, je réessaye, je n’ose pas dépasser la dégaine (on connaît tous ça quand on se sent limite) et les commentaires accompagnés de petits jurons vont bon train «pff» , «j’ai trop chaud» , «j’ai les mains moites» , «oh là,là» et le reste ( jurons) .

Là-dessus arrive Martine qui monte aussi en tête et Didier qui la suit.

Il lâche inconsidérément : «Tu n’aurais pas dû la faire passer tout droit, je l’ai fait tout à l’heure et ce n’était pas si facile que cela. Martine,  toi, passe à gauche dans le dièdre ».

Bien sûr Dom a entendu et elle me dit : «Tu vois».

C’est qu’il nous file le doute, le diable ! Du coup je m’inquiète, il ne faudrait tout de même pas qu’elle chute et se fasse mal ou plus simplement qu’elle se fasse peur , abandonne et ne recommence pas de si tôt.

Pour dissiper le doute, je la supporte bruyamment  : «Vas-y, attaque, j’y crois, je suis sûr que tu peux, 5b ce n’est pas si difficile que cela » et comme elle continue à hésiter je lui lance : «De toute façon que tu y ailles maintenant ou plus tard, c’est du pareil au même . Alors autant y aller avant que la fatigue ne te gagne ». Et j’ai failli rajouter : «Et puis que tu chutes tout de suite ou plus tard, ça ne changera rien », mais l’heure n’était pas à la raillerie.

J’ai dû dire ce qu’il fallait puisque aussitôt dit, aussitôt partie.

La tension est à son comble, j’entends ses doigts crisser sur la pierre et on retient son souffle. Je m’apprête à avaler au plus vite en cas de chute ; roulement de tambour…  Et bien non, ça passe !

A la faveur d’une bosse je la vois disparaître peu à peu. La corde me file lentement dans les doigts et au bout d’un moment je m’inquiète : « Ca va, tu es bientôt en haut ? »

Réponse : «Pas encore, encore un peu ». Puis 2 minutes plus tard une voix enjouée m’annonce : « Ca y est, relais ! ».

OUF !

Je me lance à mon tour, gagne le petit surplomb, calcule rapidement mes gestes et me lance. Et bien non, ça ne passera pas comme cela, je suis obligé de redescendre un peu pour mieux analyser la manière de passer.P4130115

Je remarque : « Quand même, pas si facile que cela ce pas, il faut tout de même réfléchir ».  En haut, Dom jubile.

Martine de Rivolet  arrive à ma hauteur, sur la gauche, dans son dièdre, et nous échangeons quelques impressions avant que je reparte pour finir la voie.

A mon arrivée Dom est rayonnante, elle mitraille de photos, et laisse éclater sa joie quand je la félicite.

Elle jure même, pas trop tôt, qu’on l’y reprendra.

Même s’il est déjà tard, ça vaut bien une bonne bière aux halles couvertes de « Grand Cormot »

Et dire que nous n’avons même pas pensé à chanter à tue-tête, le verre levé : «Elle est des nô-ô-ô-tres, elle a fait sa voie en tête comme les au-au-tres».

Un roc-trotter.

Guy le Trévoltien

P.S. : obligée de rajouter quelques photos dans l'album que je suis !

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Commentaires
R
Alors pas de grimpe depuis mi-avril, tu vas te rouiller ma vieille....<br /> <br /> A+<br /> Ray
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